mardi 24 juin 2014

Nouvelle: "Un acte désespéré"

                                                   
                                      Un acte désespéré
 

9h36 au commissariat de Nice.

L’inspecteur Cassels entra en trombe dans le bureau un journal à la main:
-Karcher, regarde ça!



Une femme de 80 ans poignardée rue du Tilleul cette nuit
 
  On a retrouvé Lucie de Bayeux, richissime propriétaire, poignardée à de multiples reprises sur tout le corps et en particulier au coeur. C’est son majordome qui l’a retrouvée baignant dans son sang dans le petit salon où elle avait l’habitude de prendre le thé. Les seuls indices retrouvés par la police sont des empreintes inconnues et un témoignage comme quoi une Fiat noire se serait parquée dans les alentours de l’heure du meurtre et aurait démarré en trombe 30 minutes plus tard. Un témoin a pu relever la plaque du véhicule et la police a recherché le propriétaire. Malheureusement nous avons appris que cette voiture avait été volée quelques jours auparavant. La police va tout mettre en œuvre pour retrouver le ou les coupables de ce meurtre sordide.

-Mon dieu! Dans la région en plus! s’exclama la jeune enquêtrice.

Meredith Karcher est une jeune policière de 26 ans, elle rêve de percer les mystères des plus grands crimes non résolus à ce jour. Elle a lu tous les romans d’Agatha Christie et de Conan Doyle. Son modèle parfait: Sherlock Holmes. Elle épaule l’inspecteur Cassels dans ses enquêtes depuis plusieurs années.

-J’ai demandé au commissaire pour prendre cette enquête et il a accepté!

-Bien commençons alors par nous rendre sur les lieux. Allons-y.


Louis Cavèlier servait Madame depuis près de 25 ans et à présent, homme sans famille, il se sentait perdu. C’est avec des larmes à peine dissimulées qu’il pressa le bouton commandant l’ouverture de la grille du jardin et qu’il se dirigea vers la porte de la maison pour accueillir les visiteurs.

-Je vous souhaite la bienvenue, nous vous attendions, dit le majordome en ouvrant la porte, les yeux cernés de fatigue.

-Nous ? demanda Meredith.

-La chienne de la maison, Bounty, me tient compagnie dans cette si grande demeure depuis des années, répondit l’homme en désignant un vieux Bouvier des Flandres dont le regard est caché par de longs poils gris et bruns.

-Je me présente; inspecteur Cassels et voici ma collègue le lieutenant Karcher. Si cela ne vous dérange pas, nous allons commencer par fouiller toute la maison, dit-il en présentant par la meme occasion sa carte de police.

-Bien sûr, entrez donc !

Ils débouchent dans un long couloir suivi de Bounty. Celui-ci est richement décoré de magnifiques cadres contenants des paysages ou des autoportraits de personnages historiques et d’un long tapis bordeaux doré sur les bords. Arrivés dans le salon principal, les deux policiers ne peuvent retenir un souffle d’émerveillement. Des lustres en cristal ou peut-être même en diamant pendent au haut plafond. Un tapis rose-beige orne toute la pièce et lui donne un aspect chaleureux. Une décoration du style Louis XIV. Les grandes baies vitrées illuminent la pièce et font un contraste moderne et ancien absolument magnifique.

-Inutile de vous préciser que Madame avait beaucoup de goût, souffle alors Louis à l’égard de ses hôtes les voyants émerveillés devant la splendeur de la pièce.

Cassels et Karcher se préparent à fouiller toute la villa pour traquer le moindre indice. Ils entrent dans le petit salon. Celui-ci est en fait une sorte de véranda exposée plein sud et dotée d’une petite table en verre, d’un chevalet et d’un grand fauteuil visiblement très confortable.  Le lieu du crime. Le fauteuil est encore couvert de sang et les contours du corps de la victime sont tracés sur le parquet. Ils passent à l’étage pour y découvrir une immense bibliothèque remplie de livres sur une dizaine d’étages. L’endroit est silencieux.

-C’est ici que Lucie passait le plus clair de son temps, dit le majordome.

-Et c’est ici que nous ferons l’interrogatoire, achève Cassels.


-Je te propose de relire quelques informations principales avant de commencer l’interrogatoire, dit le lieutenant Karcher.

-Bonne idée! Acquiesce l’inspecteur en prenant alors le dossier.

…tuée par 50 coups de poignard, l’arme n’a pas encore été retrouvée. La dernière personne l’ayant vue est Louis Cavèlier, il l’a par la suite retrouvée sans vie à 5h du matin. Les médecins légistes affirment qu’elle est décédée dans les alentours de 2h du matin.  Les suspects sont Louis Cavèlier l’homme qui a prévenu les autorités locales et son petit-fils Adelin Vanaert. Le fils de Lucie de Bayeux étant décédé et sa fille ayant perdu la raison, ils ne sont pas pris en compte. Le mobile serait l’héritage…

                                                                                

Adelin Vanaert, aveuglé par la lumière tournée vers lui, se protège les yeux du dos de la main.

-Que faisiez-vous entre minuit et 5h du matin? Le questionne Cassels.

-Je dormais et ma femme peut en témoigner car elle s'est levee pour aller au toilette vers 2h, répond-il avec désarroi.

Adelin Vanaert a 33 ans, jeune marié et sans enfant, il n’a pas de casier judiciaire. Il travaille dans une société, au poste de comptable et vient de s’acheter une nouvelle maison qu’il est en train de payer. Très intelligent, toujours premier de classe, il a toujours été l’adorable chérubin de la famille. Sans problème apparent, Adelin est le petit-fils rêvé pour une noble et riche dame.

- Vous entendiez vous bien avec votre grand-mère, alliez-vous souvent chez elle?  Demande Meredith.

-Je m’entendais très bien avec elle et j’allais la voir régulièrement.

-Sa fortune s’élève à plusieurs millions, êtes-vous au courant du testament dans lequel vous apparaissez ?

-Bien entendu! Je le sais car je suis son seul descendant, cela me semble logique.

-Vous pouvez disposer, l’interrogatoire est fini, achève Meredith.

Au tour du majordome:
 
-Que faisiez-vous debout à 5h du matin, l’heure de la découverte du corps ? Questionne l’enquêtrice.

-C’est l’heure à laquelle je me lève tous les jours pour préparer le déjeuner de Madame qui se lève 1h30 plus tard.

-Etes-vous au courant du testament de Madame ?

-Pas le moins du monde.

-Vous recevez une somme de 15 millions d’euros.

Vu le regard consterné de Monsieur Cavèlier, les deux policiers sont alors plus ou moins certains de son innocence.


 

- Quand pensez-vous Lieutenant Karcher ? Demande Cassels.

-Cette affaire ne comporte pas assez d’indices, tous nos suspects sont innocentés! L'un a un alibi et l'autre semble trop naïf et innofensif pour ce genre de meurtre violent. Nous n’avons aucune piste! C’est rageant! S’exclame-t-elle. Tout ce que nous avons ce sont des empreintes qui ne sont dans aucun dossier de police et une voiture volée au nom d’une vieille dame de presque 100 ans complétement sénile.

-Avez-vous interrogé Madame Maneau à propos du vol de sa voiture ?

-Oui et rien d’intéressant de ce côté-là à part que son fils a disparu depuis plusieurs jours mais d’après elle cela arrive fréquemment, il est dépressif mais très respecté par son travail… Dire qu’un meurtrier est en liberté à l’instant où nous parlons… dit Karcher découragée.

Soudain, la porte s’ouvre et Marcel Fineau apparaît.

-Bonjours tout le monde ! Je suis au courant de votre affaire et j’ai peut-être quelque chose qui va vous intéresser. On a retrouvé la voiture volé. Dit-il avec fierté.

-QUOI ?! S’écrient Cassels et Karcher en cœur.

-On vient de recevoir une déclaration d’accident. Deux véhicules, une Audi et une Fiat, se sont percutés sur la nationale 15. Le conducteur de l’Audi est sain et sauf mais le conducteur de la Fiat n’est pas encore réveillé. Comme ce dernier n’avait aucun papier sur lui, nous avons relevé ces empreintes et devinez quoi ? Ce sont les mêmes que celle de votre fameux meurtrier psychopathe.

Meredith ne peut retenir un souffle d’étonnement. Cassels lui, est devenu blanc comme un linge lorsqu'il entendit le nom du coupable. 


 

Dès son réveil, il avoue tout. Il nous raconte tout. Son histoire commence comme beaucoup d’autre. Pour résumer, il a toujours été amoureux d’elle, ils sont sortis ensemble et ils ont rompus 6 mois après. Mais c’est là que cette histoire d’amour d’adolescent, tout à fait banale, devint périlleuse. Il était obsédé par Lucie, il pensait jour et nuit à elle. Le temps passa et elle partit dans une autre école. Mais pendant toutes ces années où ils s’étaient perdus de vue, il était toujours obsédé par elle. Il s'était renfermé. A l’âge de 30 ans, il n’en pouvait plus. Il était à bout de nerf. Il rechercha Lucie. Quand il trouva son adresse, il la harcela jour et nuit sans relâche. Lucie prit de panique n’osa pas porter plainte. Mais un jour, elle accepta d’aller à un rendez-vous avec lui. Dès qu’elle fut arrivée, elle lui expliqua qu’elle allait se marier et qu’elle ne voulait plus entendre parler de lui. Il retomba de plus belle en dépression. Il passa sa vie à se morfondre. Lucie, elle, s’était effectivement mariée. Elle a eu deux enfants et une carrière bien remplie. Elle était heureuse et il le savait. C’est pour ça qu’il ne la harcelait plus mais il était toujours fou amoureux. Il y a quelques semaines son médecin lui annonça qu’il était a la fin de sa vie et que c’était le moment de faire ce qu’il voulait avant de partir. Ce fut le déclic.

                                                                              

 Il prit la voiture de sa mère et se rendit à la maison de Lucie. Il observa tout d’abord les habitudes du majordome et dès qu’il sut quand elle se trouvait seule il se prépara. Il savait que vers 2h du matin elle se rendait dans son petit salon. Il l’attendit. Quand elle le vit elle lui sourit. Il leva alors son couteau et porta le premier coup en plein cœur et ainsi de suite 50 fois. La dernière chose qu’il lui a dite avant qu’elle s’éteigne c’est :

-je t’ai attendu

Tu n’es jamais venu

 Toi mon amour

 Je savais que je te reverrai un jour

Avant de partir

 Je suis venu te dire

Un adieu éternel

On se retrouvera au ciel

Albert Maneau décéda quelques heures après avoir avoué son crime au policier et à sa pauvre mère dévastée.





Droit réservé et interdiction de plagier. Merci!

2 commentaires:

  1. Halalala !! ça c'est un talent, merci pour ce moment de détente, j'espère que tu posteras plus de nouvelles comme celle-ci plus tard, car J'ADORE !! Bisous ;)

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  2. Merci beaucoup ça me fait très plaisir! Et j'essayerai de ne pas trop tarder avant d'en mettre une autre. Bisous ^.^

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